Christian Cluzeau
Si vous passez vous promener par le village des Pervilles, tendez bien l’oreille et vous enten-drez peut-être une petite musique faite de clic et de clac produite par un métier à tisser. C’est avec passion que Christian, nous partage son savoir-faire qu’il a acquis au fil de ses 40 an-nées de tissage.
Cette aventure a commencé au cours de sa carrière aux établissements Chaignaud, où il réalisait des échantillons pour faire des collections pour la confection de couvertures, sacs et bagages, et bien sur la charentaise. Et depuis il n’a jamais perdu le fil !
Navette, foule, fils de chaîne, de trame, cadre, peignes…il est l’heure de faire connaissance avec les métiers à tisser qu’il possède ; un métier dit classique et un métier Jacquard datant des années 1800. Tous deux sont constitués de châssis en bois. Le métier dit « classique » se travaille de manière horizontale. Il fonctionne avec plusieurs cadres en bois contenant les peignes qui sont traversés par les fils de chaîne. Plus les fils sont fins et plus les peignes vont être serrés. Assis, comme un pianiste, Christian actionne quatre pédales dans un ordre bien précis afin d’écarter les fils de chaîne pour créer un espace vide, la foule, à l’intérieur duquel la navette se balade de gauche à droite et de droite à gauche la foule suivante. Ce jeu de pédalier, qui diffère d’une oeuvre à l’autre permet de créer le motif désiré.
Le métier à tisser « Jacquard » lui est tout en hauteur. Imposant et robuste tel un vieux mon-sieur qui souhaite nous transmettre son savoir, le métier à tisser est une machine vivante utilisée par un tisserand pour fabriquer du tissu. Si je comparais le premier métier à un piano, le fonctionnement du Jacquard est proche de ce-lui d’un orgue de barbarie. En effet, il est mon-té par cartes perforées, où chaque trou correspond à une aiguille (crochet), auxquelles sont accrochés 1152 fils, fixés sur les lisses avec des oeillets.
Ce sont ses cartons perforés qui vont former le dessin et là encore Christian doit actionner une seule grande pédale, pour faire avancer ce vieux monsieur.
Pas besoin d’aller à la salle de sport, car faire fonctionner un métier à tisser nécessite endurance et patience où le corps tout entier est en action. Le tissage est un balai perpétuel de mouvement entre les fils de chaine et les fils de trame, à l’intérieur desquels se balade la navette. Malgré les progrès mécaniques, le fonctionnement de base est resté le même depuis des siècles : le métier à tisser fixe les fils de chaîne selon la tension désirée, tout en permettant le passage des fils de trame perpendiculairement avec la navette, entre les fils de chaîne.
Aujourd’hui, Christian continue à faire découvrir ce métier et ce savoir-faire en se rendant avec son métier à tisser, sur des salons, des festivals et lors des journées du patrimoine. Au cours des ateliers qu’il anime, la joie et la curiosité des enfants sont une belle récom-pense, pour ce passionné qui a embarqué toute sa famille dans l’aventure.
Merci à toi Christian pour cette belle rencontre !